Visiter le Vietnam

Histoire

Des premiers royaumes à la fondation d’un Etat

Les premiers royaume et la domination chinoise

L’occupation du nord de l’actuel Vietnam par tribus remonte aux IIIe millénaire avant Jésus-Christ. Quatre étapes se dégagent de cette préhistoire vietnamienne:

  • l’étape Phung Nguyen débute il y a 4000 ans, avec l’usage de metal.
  • l’étape Dong Dau commence au milieu du IIe millénaire avec le développement de la poterie décorée.
  • l’étape Go Mun débute quatre siècle plus tard et s’achève aux VIIIe et VIIe siècle avant Jésus-Christ.
  • l’étape Dong Son est celle de l’apogée, marquée par l’essor du travail du bronze puis du fer.

La lignée des rois Hung accompagne cette photo-histoire.

Au VIIe siècle av. J-C, des tribus se fédèrent avec à leur tête les Jung Vuong. Ils sont dix-huit à diriger cette fédération, appelée le Van Lang, qui, au IIIe siècle av. J-C, fusionne progressivement avec les voisins pour former le Nam Viet. L’autonomie de cette entité territorial ne dure pas longtemps. Dès le deuxième siècle av. J-C, la Chine a des vise d’extension vers le Sud. Le Vietnam est absorbé en 111 av. J-C. Ainsi débute cette domination de mille ans qui va fortement structure l’identité et la culture vietnamienne. Après un respect initial des institutions et traditions locales, alternant des périodes de forte centralisation chinoise, avec la mise en place d’une administration propre, et des révoltes provoquées par l’inquiétude de l’aristocratie vietnamienne soumise à cette sujétion. Le Vietnam retrouve son indépendance en 939 après une révolte qui réussit enfin à repousser la puissance chinoise. Pour une par, la nationalité vietnamienne et l’identité du future Etat se construisent donc contre la Chine tout en ayant assimilé nombre d’éléments de la culture chinoise et en ayant connu un développement économique réel au cours de ce millénaire.

La construction de l’Etat entre tensions intérieures et la résistance à la Chine

Les dynasties des Ly (1009-1225) et des Tran (1226-1400) se succèdent. Pour les rois, il s’agit de maîtriser tentations sécessionnistes des seigneurs locaux à l’intérieur du royaume tout autant que de résister aux tentations hégémoniques de la Chine. Les Ly doivent d’abord mettre fin aux rivalités intérieures du royaume pour pouvoir instaurer un pouvoir administrative capable, par exemple, de mener une politique de construction de digues dans le delta du fleuve Rouge et de limiter les dégâts des inondations. Les féodaux sont peu à peu remplacés par des hauts fonctionnaires. A partir de 1054, un Etat formalisé apparaît, sous le nom de “Dai Viet”. Les Ly repoussent les Chinois plusieurs fois et dans le même temps étendent le royaume vers le sud. La dynastie s’effondre, affaiblie par des révoltes paysannes contre la fiscalité.

Les Tran se trouvent confrontés au même défi. A la menace chinoise succèdent pour un temps les tentative d’incursion mongoles. L’extension du Dai Viet se poursuit vers le sud. Le bouddhisme cede du terrain au confucianisme, propice à l’installation d’une culture nationale et collective forte: système d’enseignement unifié, concours littéraires pour le recrutement des fonctionnaires, développement de la poésie et de la littérature y contribuent. L’administration centralisée permet la realisation de grands travaux. Mais les dissensions internes ne disparaissent pas.

Les Ming chinois, au prétexte de rétablir l’autorité dynastique pour remédier à l’instabilité, envahissent à nouveau le Vietnam. Jusqu’en 1428, ils y mènent une politique de sinisation brutale qui provoque une révolte dès 1418, menée par Le Loi. Ce dernier conduit une guerilla du faible contre le fort, fondant une tradition combattante vietnamienne qui perdure jusqu’au XXeme siècle. Il devient à son tour un héros national. Le Loi parvient à maintenir à distance les Chinois tout en évitant de provoquer, pas un excès d’irrespect, le Céleste Empire. Il maintient l’administration que les Ming avaient mise en place. Au cours de cette période, la bureaucratie devient la véritable classe dirigeante du royaume. Les fonctionnaires sont répartis en neuf grades. Ils sont recrutés par concours et payés grâce à des terres qui leur sont allouées. Un code de droit civil et de droit public voit le jour. La dynastie atteint son apogée sous Le Thanh Tong (1460 à 1497). L’extension vers le sud se poursuit. Déjà, depuis un siècle, le XVIIIe parallèle avait été franchi par les Vietnamiens. Sur ces terres du sud, des militaires deviennent naturellement des colons. L’agriculture dans l’ensemble du royaume fait d’immense progress grâce une politique systématique de défrichement et d’endiguement.

Troubles et divisions

La dynastie des Nguyen à Hue

Du XVIe au XVIIIe siècle, le Vietnam est divisé. A partir du début du XVIe siècle, deux dynasties entrent en conflit: les Nguyen, partisans de la dynastie précédente, (les Lê) et la Trinh. Les Trinh assoient finalement leur autorité au Nord tandis que les Nguyen dominant au Sud. Les deux royaumes se combattent jusqu’en 1672 puis établissent des relations pacifiques pendant près d’un siècle. Chacun se développe alors à son rythme. Les Nguyen organisent un Etat autour de leur capital, Hué. Ils avaient commencé à profiter, à partir de 1525, de la présence portugaise à Faifo (la future Hoi An) pour leur demander une aide militaire. Au cours de l’histoire de cette dynastie, Sai Vuong (1613-1635) est le premier roi vietnamien à établir une relation diplomatique avec des Européens. Il accepte sur son territoire la présence de missionnaires catholiques. Ce siècle de paix profite aussi au bouddhisme qui connaît un renouveau alors que le confucianisme avait marquée la période d’apogée des Tran. De nombreux poème et romans en vers fleurissent, écrits pour la plupart en “nom” (dans la langue nationale en caractère chinois).

Mais les crises éclatent peu à peu au Nord comme au Sud. Les héritiers de chaque dynastie se disputant le pouvoir. Par ailleurs, au Nord, l’accroissement démographique combine à une pression fiscal de plus en plus forte et à l’accaparement des terres par les grands du royaume, provoquent une crise agraire. Au Sud, l’inflation et les dissensions à la cour déstabilisent le pouvoir en place. Ce sont les trois frères Tay Son qui mènent alors la révolte, à partir de 1771, le plus jeune, Nguyen Hue, faisant la revue de son talent militaire et stratégique. Les frères Tay Son triomphent au Nord et au Sud.

L’écroulement de la monarchie

Nguyen Hue monte sur le trône mais décède très vite, en1792. L’héritier des Nguyen en profite pour reprendre le pouvoir, soutenu par la France. Il prend Hué en 1801 puis Hanoi en 1802 et devient empereur sous le nom de Gia Long, réunissant le Vietnam après deux siècles de division. L’intervention française prend une forme plus directe en 1856: la marine pointe ses canons sur Da Nang. Entre-temps, quatre empereurs se relaient au pouvoir. Les privilèges de l’aristocratie disparaissent et l’administration est unifiée.

L’enseignement gratuit est de plus en plus organisé, l’ouverture des écoles et l’accès aux concours sont pratiquement libres. Le nouveau code dit “Gia Long” renforce le pouvoir. On écrit des annalles du royaume, on se penche sur la géographie, les palais et les temples sortent de terre, faisant de Hué la capitale impériale du XIXe siècle. Au fil des règnes des héritiers de Gia Long, l’expansion du Vietnam se poursuit vers l’ouest: le Vietnam et le Siam se partagent la domination de Laos et du Cambodge. Vis-à-vis de l’Occident, c’est une politique isolationniste qui est revendiquée. Le confucianisme fige la vie intellectuelle et soumet à cette dernière tout l’ordre politique. L’agriculture, sur laquelle repose l’essentiel de la vie économique et sociale, est négligée, les préoccupations économiques et techniques n’étant pas aux premiers rangs des priorités des lettrées confucéens. Ces derniers imposent la défiance envers l’Occident. Les crises se succèdent et se renforcent lors du règne du dernier empereur, Tu Duc. Lorsque les Français arrivent, le Vietnam est en crise profonde.

Civilisation, culture et religions du Vietnam ancien

Il s’agit, lorsqu’on aborde la culture vietnamienne, de bien saisir les nuances qui la séparent de la civilisation chinoise. Il existe en effet un territoire, dès l’antiquité lointaine, qui s’étend jusqu’au Yunnan, au nord de l’actuelle frontière. Cet espace est aussi appelé “civilisation des tambours de bronze” et les différences sont notables entre celle-ci et le bassin de naissance de la culture chinoise, dans la vallée du fleuve Jaune. Très vite, la péninsule a intégré la tradition bouddhiste. L’introduction de cette religion reste floue et se fait probablement par des moines indiens faisant étape au sud de la péninsule. Puis la Chine devenue bouddhiste étend son aire d’influence et ses moines introduisent le zen au nord du Vietnam. C’est avec l’instauration des écoles organisées que le bouddhisme prend réellement son essor. Il devient un pilier du destin national lorsque les dynasties doivent former des administrations compétentes et lettrées. Pour cela, elles s’appuient largement sur les moines.

Après le XIVe siècle, sous les Tran, le bouddhisme est plus ou moins marginalise, selon les époques, en raison des volontés centralisatrices du pouvoir dont profite le confucianisme, arrive de Chine au IIIe siècle. En effet, une des conséquences de l’enseignement de Confucius est la rigidité des rapport entre roi et sujets, père et fils, mari et femme, frère et soeurs. Chacun sait de qui il est le sujet et connaît ses devoirs. Chacun doit veiller à la bonne marche d’une société fondée sur des rapports hiérarchiques très clairs dont décrive une vie extrêmement communautaire. L’individu est défini par sa place par rapport à un autre individu en soin sein. Alors que le bouddhisme en son sein. Alor que le bouddhisme appelle l’homme au mépris voire à la négation de la réalité de tout élément terrestre et matériel pour une recherché d’un état supraterrestre, le confucianisme, lui, s’affirme d’abord comme un chemin d’ordre social. Dans son déploiement au Vietnam, durant plusieurs siècles, le confucianisme oscille certes entre deux pôles dès qu’il s’agit de savoir d’où le monarque tient son pouvoir, du Ciel ou des hommes. Mais les mandarins (lettrées confucéens) jouent un tel rôle que le confucianisme demeure le pilier de la monarchie unifiée. Tous les lettrées qui préparent le concours du madatinat ne sont pas admis, loin de là. Ils assurent donc l’animation culturelle de communes, créent des groupes de chant ou de théâtre, deviennent précepteurs, maîtres d’école ou écrivains publics. La littérature et la poésie vietnamienne atteigne un degré de raffinement élevé. Cependant, certains historiens voient dans le confucianisme un facteur d’extrême rigidité sociale, brimant toute volonté individuelle et tout destin personnel.

Demeure une interrogation récurrente: le Vietnam a-t-il une culture propre ou a-t-il été totalement sinisé? Si les influences chinoises sont nombreuses, notamment sur l’écriture “nom” (en caractères chinois) jusqu’au XVIIe siècle, il semble que le Vietnam ait assimilé ces traits importants sans abandonner sa spécificité nationale. Un premier facteur explique ce processus et réside dans la géographie vietnamienne: le berceau de la nation se trouve dans le delta du fleuve Rouge, séparé da la Chine par une barrière montagneuse importante. Par ailleurs, les espaces directement exploitables du Vietnam ancien sont réduits. Aucune vague d’immigration chinoise importante n’a , par conséquent, marque l’histoire vietnamienne. Les colons et les marchants sont venus, des pôles d’immigration chinoise se sont formés mais ces mouvements migratoires sont demeurés numériquement marginaux.

La force de l’ordre social vietnamien contribue également à cette résistance. Chaque commune obéit à des esprits tutélaires, le culte des ancêtres impose à la communauté, la femme joue un rôle essentiel de transmission de la langue et des légendes. Or, elle n’entre que peu en contact avec l’envahisseur chinois: dans l’histoire du Vietnam ancien, la guerilla qui prend appui sur les villages est déjà la clé de la victoire du petit contre le grand, du faible contre le puissant.

Ce qu’il faut retenir

Le Vietnam s’est construit suivant les progrès de l’ethnie “Kinh” qui a coulisse vers le sud à partir du delta du fleuve Rouge, jusqu’à inclure sur sa souveraineté les terres du delta Mékong. Cette histoire explique la présence de nombreuses ethnies minoritaires sur le territoire vietnamien, principalement dans les montagnes de l’ouest. Principale puissance régionale, la Chine a imprimé pendant mille ans sa marque au Vietnam. La manière dont ce premier a pourtant su digérer l’héritage chinois tout en maintenant son particularisme nourrit a fierté du peuple vietnamien. Un attachement atavique pour la souveraineté nationale en découle naturellement.

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