Marionnettes sur l’eau
À côté des spectacles de marionnettes classiques, ou Mua Roi Can, il existe au Vietnam une tradition unique au monde le Mua Roi Nuoc (théâtre de marionnettes sur l’eau).
Marionnettes sur l’eau Il s’agit d’une fort d’art scénique remarquable et très populaire au Vietnam. C’est la forme artistique rattachée à la figure du paysan plongé à longueur de journée dans l’eau et dans la boue pour cultiver le riz. A la surface de l’eau, on élève un pavillon (à deux niveaux) appelé ‘‘thuy dinh”, le niveau supérieur est réservé au culte du Saint Patron et l’inférieur sert de coulisses ou d’arrière-scène.
Deux sortes d’arrière-scènes existent dans le roi nuoc, l’une est au-dessus de l’eau, derrière un rideau, pour cacher les manipulateurs, et l’autre est dans l’eau pour cacher le matériel technique (perche, ficelles et poulies). La surface de la mare est la scène ou évoluent les marionnettes; les spectateurs se tiennent sur le bord.
Le spectacle se compose d’une succession de tableaux évoquant aussi bien des scènes de la vie quotidienne que des légendes expliquant les origines de divers phénomènes naturels et sociaux, de la formation des lacs à celle des États. Une scène mémorable représente la culture du riz, où la pousse du riz ressemble à un film en accéléré et où les scènes de récolte sont à la fois frénétiques et gracieuses. Un autre tableau, décrivant la bataille entre un pêcheur et sa proie, est si réaliste qu’on a l’impression que le poisson est vivant. On verra aussi des dragons crachant le feu (feu d’artifice), une course poursuite entre un jaguar, une troupe de canards et leur gardien, et un garçon jouant de la flûte sur le dos d’un buffle…
Chaque numéro de marionnettes sur l’eau est un spectacle joyeux dans lequel humour et humanisme se mélangent. La vie pénible des rizières n’a jamais privé le paysans de sa joie de vivre ni de son sourire optimiste. C’est toujours ce sourire qu’on rencontre aujourd’hui, sur les chemins du Vietnam.
Le spectacle composé de chants, de musique et d’explosions de pétards soulignant les moments forts de ces histoires enchantées, est divertissant et l’eau met merveilleusement l’intrigue en valeur, en permettant aux marionnettes d’apparaître et de disparaître comme par magie..
Cai luong
Le Cai Luong, ou théâtre rénové, né dans le sud vers 1916-1918, met en scène dans un style plus accessible, des pièces du répertoire classique chinois
Influencé par le théâtre européen, le cai luong abandonna le style épique traditionnel pour des actes plus courts, délaissa le chant pour le dialogue et privilégia la psychologie et l’émotion.
Des paroles furent ajoutés dans les airs instrumentaux et les chants rassemblaient dans des numéros de scène. Aux chants qui à l’époque utilisaient la plupart des mélodies du Sud et du Centre, s’ajoutèrent des gestes et évolutions, ce qui donna le théâtre Cải Lương. En gagnant de larges couches populaires avec la mise en scène de poèmes et oeuvres littéraires issus de contes populaires ainsi que de nouvelles créations sur des thèmes sociaux de l’heure.
Dans le Cải Lương, les instruments de chant excellent dans le lyrisme, grâce à un vibrato plus intense et plus subtile de la main gauche qui rend la suavité de l’accent du Sud Vietnam. Des innovations importantes, telles que des rideaux, décors… sont introduites. Le jeu des acteurs qui évoluent dans des décors suffisamment évocateurs, devient moins symbolique, moins forcé, plus naturel. Les acteurs étant aussi chanteurs alternent chants et prose rythmée avec le dialogue.
Cheo
Le cheo est un genre théâtral très répandu dans la moyenne région et le delta du Nord, en particulier lors des fêtes et des foires de villages.
Le Cheo, le théâtre populaire par excellence, se constitua lentement sous les Ly et les Tran à partir des chants, danses et pantomimes populaires, et se fixa en tant que genre aux XV è siècle.
Les spectacles se déroulent en face du Dinh ou devant une pagode bouddhique. La troupe, composée d’acteurs-chanteurs et de musiciens se déplace de village en village; tous les accessoires tiennent dans un coffre qui constitue, avec une natte, le seul élément de décor. Le Cheo possède un vaste répertoire qui laisse une place prépondérante à l’improvisation des acteurs et l’on juge une troupe sur sa capacité à renouveler et à actualiser un thème connu. L’orchestre, qui comprend des tambours, des gongs, des crécelles, deux instruments à cordes et une flûte, est assis à droite de la scène. Un spectateur versé dans l’art du Cheo frappe sur une grand tambour réservé au public pour signaler le début de la pièce. Lorsqu’un acteur joue ou chante particulièrement bien, un des spectateurs martèle la peau du tambour, marquant ainsi l’approbation générale. Si le public juge la représentation mauvaise, on frappe le bois du tambour.
La pièce commence par une série de roulements de tambour qui se terminent par trois coups. C’est à moment que l’orchestre entonne l’ouverture au cours de laquelle l’actrice principale présente l’intrigue de la pièce. Le public connait parfaitement toutes les règles du Cheo, qui furent définies dès 1501. Tout au long de la pièce, les acteurs commentent l’action, questionnent le public qui leur répond. Des mélodies connues de tous symbolisent certains événements tels que le mariage, la naissance, la mort. Tous les gestes des acteurs, y compris les mouvements des yeux et de la bouche, ont un sens particulier. Le choeur et le bouffon, personnage clé omniprésent, soulignent les moments dramatiques. Le bouffon (he), maquillé de noir, interrompt les joueurs et commente leurs actions, se moque d’eux ou loue leurs prouesses. Souvent, le public interpelle un acteur pour lui demander de rejouer une séquence ou l’interroger sur un détail de l’intrigue.
Le théâtre cheo proche de la vie paysanne qui porte l’esprit de synthèse de la culture agricole, cet esprit se révèle nettement dans l’art des sons et des couleurs. Le cheo est aussi la forme de théâtre populaire la plus démocratique.
Tuong
Le hát tuông ou hát bôi, est un théâtre classique de cour importé de Chine au XIVe siècle
Nettement influencé par l’opéra chinois, il a été introduit au Vietnam au XIIIe siècle par les envahisseurs mongols, jusqu’à ce qu’ils soient repoussés par Tran Hung Dao. Très cérémonieux, le théâtre hat tuong, emprunte sa gestuelle et ses décors à l’opéra chinois. Un orchestre de six musiciens, dominé par le tambour, l’accompagne.
Le hat tuong comprend un nombre limité de personnages caractéristiques, immédiatement identifiables par leur maquillage et leurs costumes symboliques. Ainsi, une face maquillée en rouge représente le courage, la loyauté et la fidélité. Les traîtres et les personnages cruels se blanchissent le visage. Les habitants des plaines ont la figure peinte en vert, les montagnards, en noir. Horizontaux, les sourcils signifient l’honnêteté; en accent circonflexe, la cruauté, et tombants, la lâcheté. Selon la façon dont il tripote sa barbe. On peut reconnaître les émotions (réflexion, inquiétude, colère, etc…) qui animent un personnage masculin.